25 avril 2016
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CANCER : des perceptions à améliorer dans notre région- Santé Autrement Magazine – février 2016

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 Les habitants du Nord-Pas-de-Calais sont moins optimistes que la moyenne des Français sur les questions relatives au cancer alors que la survie a globalement augmenté et que la qualité de vie des personnes touchées s’améliore. C’est l’un des enseignements du second volet du Bilan d’une décennie de cancers que l’ORS Nord-Pas-de-Calais a publié la semaine dernière. Il explore aussi les facteurs qui contribuent, sur un territoire, à améliorer la situation des habitants vis-à-vis du cancer.

Le cancer représente toujours, sur les dix années écoulées, une préoccupation voire une inquiétude majeure pour les habitants du Nord-Pas-de-Calais, indiquent d’emblée les auteurs de l’étude de l’Observatoire régional de santé (ORS). Ils se considèrent mieux informés qu’il y a dix ans… mais aimeraient que les campagnes d’information leur permettent de mieux reconnaître les symptômes. En matière de dépistage organisé, la moitié seulement des personnes interrogées connaît ce dispositif. Une fois concernées, toutefois, elles estiment que le courrier d’invitation au dépistage organisé est le meilleur déclencheur de la prise de rendez-vous pour le réaliser. De même les personnes concernées par le cancer connaissent mieux les dispositifs d’accompagnement des personnes malades que les autres (50% contre 35%).

Sur le plan des soins, les habitants de la région se montrent satisfaits à 80% des traitements et considèrent à 70% qu’ils sont plus adaptés qu’il y a dix ans, souligne Marie Raimbault, chargée d’étude à l’ORS. Mais ils considèrent que beaucoup de dépenses restent encore à leur charge, notamment dans les soins considérés comme liés à leur bien-être.

Pessimisme

Un des points marquant de ce volet de l’étude réside dans le plus grand pessimisme des habitants de la région vis-à-vis du cancer. Ils sont notablement plus nombreux que la moyenne française à considérer que l’état de santé dans la région est détérioré, à penser qu’on meurt plus du cancer ou à penser qu’il est possible de retrouver une vie normale après le cancer. Une forme de fatalisme qui contraste avec l’offre, importante, de soins et d’équipement de la qui caractérise la région. Et qui peut avoir un lien, estime Olivier Lacoste, directeur de l’ORS, avec une certaine difficulté, pour des habitants, à entrer dans le parcours de soins.

L’autre étude présentée par l’ORS compare quatre territoires de « profil » sociodémographiques proches, deux de la région (Boulonnais et Dunkerquois), un en Haute-Normandie (autour du Havre) et un en Moselle (autour de Forbach). Il s’agissait pour l’ORS de déterminer quels sont les facteurs qui contribuent à améliorer les indicateurs sur le cancer (dépistage, mortalité, etc.). Parmi ceux que l’observatoire estime comme devant être évités résident le fait d’invoquer le rôle de la situation socio-économique dub territoire et le « positionnement fataliste de certains professionnels de santé eux-mêmes quant à la capacité de la population à évoluer » dans ses comportements quotidiens ou sa prise en charge.

Cercle vertueux

Surtout, l’ORS a observé des démarches qui ont des effets positifs. Au premier chef figure le fait de favoriser la prise de conscience ou l’appropriation de la thématique du cancer par des acteurs autres que les professionnels de santé. Ce n’est « pas tabou », a souligné Olivier Lacoste. Et cela contribue à générer des dynamiques locales elles aussi très favorables. Surtout si le cancer est considéré comme une priorité locale.

Une démarche très active de repérage précoce des cancers des voies aérodigestives supérieurs, qui associe des professionnels de santé de différents horizons et des associations a ainsi déjà démontré son efficacité sur un des quatre territoires (celui du Boulonnais) en permettant de détecter, selon Marie Raimbault, « des centaines de cas ». Mais en aussi en faisant se rencontrer les acteurs et en faisant circuler la parole et les informations sur le cancer… Dans cet ordre d’idées, l’ORS a constaté que la plus grande implication des médecins généralistes, en demande d’information de la part de leurs collègues hospitaliers d’ailleurs, était un facteur favorable. « C’est très personne-dépendant » mais aussi générateur de dynamiques collectives vertueuses, souligne Marie Raimbault.

« Aller vers »

En matière de prévention, les actions qui ont fait la preuve de leur efficacité sont celles qui visent à toucher les personnes les plus éloignées des soins et les « moins convaincus » au départ, a-t-elle ajouté, à travers par exemple les « ateliers santé ville », les manifestations organisées par les collectivités, les événements dans l’espace public, sur les marchés… Des opérations qui doivent être adaptées localement et facilement accessibles. Aussi, les auteurs de l’étude constatent que les démarches de promotion de la santé qui fonctionnent dans ces territoires sont celles qui privilégient les explications aux injonctions.

Bien sûr, une offre de soins et d’outils de diagnostic fournie, comme c’est le cas dans les territoires étudiés du Nord-Pas-de-Calais grâce notamment aux investissements du conseil régional, constitue également un facteur positif. Enfin, a ajouté Marie Raimbault, le travail de prévention et d’accompagnement mené par les associations. Pour elle, les effets positifs de la mobilisation des acteurs dans la mise en place des ces initiatives aux effets favorables compensent les effets négatifs des situations socio-économiques négatives.